vendredi 5 avril 2013

L'habit ne fait pas la tête de moine



Grand salut à tout ceux qui liront ces lignes....!

Ouverture du blog et inauguration par un premier post.

Qu'allez-vous croire? Que je suis un amateur invétéré de fermentation lactique? Que je porte au plus haut les qualités gustatives incomparables du Saint-Nectaire au point d'en faire mon pseudonyme?

S'il y a un peu de vrai dans tout cela, la matière que l'on présente ne révèle pas toujours celle dont on est constitué. Un peu comme le Maroilles me direz-vous: frais, ça vous détruit un frigo en moins de deux - mais une fois fondu et en bouche, ça ne casse pas trois pattes à un canard.


Pardonnez l'abondance de métaphores (qui prendront tout leur sens au fil du post), mais la physionomie est un piège dans lequel on tombe si facilement! Le premier réflexe sera de dire que oui, quand on se fie au premier regard, on n'aperçois jamais vraiment la vraie facedes choses. pardonnez moi Messieurs-Dames, mais penser cela, c'est justement tomber dans le panneau.


-que l'on soit clair dès le début et pour éviter les commentaires inproductifs, je ne parlerai ici que d'appréciation d'autrui et non de jugement, dans un but purement anthroipologique-

Je vais prendre un exemple que je commence à bien connaitre, celui de mon métier à venir, celui de médecin. Si vous êtes ou avez été dans cette grande famille de la santé, vous comprendrez tout de suite ce à quoi je fais allusion. Notre métier nous impose, par respect du patient comme de notre intimité, de poivoir présenter une face "empathique" à nos interlocuteurs.

Où est la personnalité dans l'empathie? Y a-t-il des personnalités empathiques?

Pour illustrer mes propos, voici quelques exemples imagés:

Exemple 1:
Jimmy est un jeune externe fougueux. De celui qui a les yeux qui pétillent de l'immensité de la connaissance qui s'offre à lui. Il kiffe grave ses études, et prend son pied à échaffauder de brillants diagnostics. Un peu rebelle, il croit en lui, et ose oser. Il a des dread-locks sur le crâne et une barbe de trois jours, mais porte la blouse immaculée de ceux qui ne passent que la matinée en stage. Malgré son jeune âge, ça lui donne l'air sage. Oui, il fume de gros pétards dans les concerts. Non, il est toujours à 100%  pour examiner ses patients.
Que pensez-vous de lui?
Exemple 2:
Jimmy est un interne blasé. Loin est le temps ou il allait en concert, ses soirées il les passe désormais dans un service des urgences plein à craquer, ou les moments passés à boire du café équivalent ceux passés sur un lit d'hopital usagé appelé: "chambre de garde".  Pourtant il préfère nettement ça aux dernières années passées derrière son bureau à réviser encore et encore, pour un concours qui l'a formé à ce qu'on lui demande de faire: une infection urinaire du vieillard? - "Balance la Rocephine!" (Marque déposée droit de copyright assuré - on te l'a appris comme ça). Au fond de lui il le sait que ça manque un peu d'humanité, alors dans le feu de l'action il prend le temps, chaussures neuves au pieds, de lui tenir la main à la vieille. Et d'ailleurs elle, elle s'en fout que sa blouse à l'interne elle soit dégeu, ça la réconforte un peu dans cet enfer. Ah oui Jimmy il était fatigué, il a oublié l'ECBU, alors il se fera enguirlander par son sénior quand celui-ci sortira de son roupillon. Mais lui il est claqué, il fait mine d'acquiescer, au fond: il s'en fout un peu...
Que pensez-vous de lui?

Exemple3:
Jim (il a grandi), est un jeune généraliste tout juste installé. Malgré sa vie sociale qui avait été réduite à peau de chagrin il a épousé une infirmière qui comprenait son rythme de vie, et a deux beaux enfants qu'il aime éperduement. Il s'est endetté pour financer son cabinet, et continue à dépenser pour une femme de ménage qui passe dans son pavillon de banlieue. Il a compris que le vrai luxe, s'est finalement d'accorder son temps libre aux choses qui le valent vraiment. Sa patientèle, il l'a surprise par son dynamisme et son style nouveau. Son bureau est moderne, il accorde de l'importance à toutes les demandes de ses patients, fusses-t-elles les plus triviales. Du coup, forcément, il prend parfois un peu de retard dans ses consultations, mais comme il ne porte plus de dread-locks depuis longtemps - ni la blouse d'ailleurs - les gens le reconnaissent et voient dans son look propre sur lui le reflet de son professionnalisme. Il aime éperduement son métier, et c'est ce qui l'épanouit. Rien ne pourrait l'arrêter. Sauf peut-être la peut de tomber malade lui aussi un jour, parce qu'il sait bien qu'il ne pourra pas tenir le rythme entre patients exigents, devoirs professionnels et familiaux sans s'adapter.
Que pensez-vous de lui?

Exemple 4:
Dr Jim (D'ailleurs les gens ne l'appellent plus que Docteur désormais) a franchi la quarantaine. Finalement tous ses efforts ont portés leur fruits. Il a remboursé son cabinet, sa patientèle lui est fidèle et il envisage même de créer une MSP (Médecin Super Pro). Hors de question de retourner à la ville, sa maison en campagne proche lui permet une évasion complète une fois sorti du boulot. il est devenu un notable du village où il exerce, et ses patients le respectent. Il a bien eu l'envie de s'offrir un beau costard, mais a préféré finalement un joli pull en cachemire qui a l'avantage de cacher son ventre bedonnant et de ne pas le gêner lors de l'examen clinique. Sa vue a baissé, il porte des lunettes. Lui, y vois un légère imperfection de sa puissance accommodatrice ophtalmique - ses patient un signe d'érudisme. D'ailleurs bien malin qu'il est, il laisse croire au plus exigents qu'il les chouchoute toujours avec des traitements pas forcément nécessaires, mais en contrepartie il remporte toujours la donne en se permettant de ne pas se laisser enquiquiner par ceux-là même qui demandent une consultation "entre-deux". Maintenant, ils connaissent la règle!
Que pensez-vous de lui?

Exemple 5:
Old Jim a vielli, mais reste animé par son petit plaisir: voir SES patients. Il n'a plus l'allure de ses débuts certes, avec sa chemise élimée et ses gros godillots, mais ni lui ni ses fidèles n'y font désormais attention. Ils viennent parce que c'est LEUR médecin. Celui qui les a les a maintenu en bonne santé et soutenu contre vents et marées depuis des décennies. Ils savent qu'ils peuvent se mettre les traitements de conforts derrière l'oreille, et  que la consultation durera rarement plus de dix minutes, mais comme ils se connaissent bien tout est dit. Parfois, Old Jim,reçoit des étudiants dans son cabinet et c'est pas plus mal, lui leur apprend la tempérance, eux s'occcupent en contre-partie d'offrir leur jeunesse et leur impertinence à des patients malicieux, tantot déçus de ne pas voir leur Dieu, d'autre fois ravis de changer un peu les habitudes. Oh c'est sur, Jim a moins de rendez-vous qu'au début et ne consulte que trois jours par semaine, mais il enseigne à côté  et adore restaurer ses vieux meubles en fumant une cigarette qu'il n'a jamais réussi à arrêter, un peu comme il retape ses patients finalement.
Que pensez-vous de lui?


Alors. Maintenant. Pourriez-vous me dire du quel Jimmy, Jim, Dr Jim ou Old Jim a gardé sa vraie nature? Tous? Aucun? On dit que les extrêmes se rejoignent, peut-être est-ce Jimmy et Old Jim qui vivent le plus leur vraie nature?

Et le médecin que vous auriez apprécié au début aura-t-il été le même à la fin? Si oui, vous auriez pourtant porté un avis différent en le voyant à chacun des moments de sa vie... Alors qu'au fond, il a toujours eu la foi. Foi en vous Cher Patient. De croire qu'il a pu vous aidez, vous apporter soutient et réconfort.

Est-ce lui qui a changé, ou est-ce vous qui l'avez transformé? Petit à petit, bien sûr, pas individuellement, non, mais tous ensemble, en venant chacun à l'heure ou non a vos rendez-vous. En lui faisant tous remarquer ce que vous appréciez chez lui - ou ce que vous acceptiez moins.

Pour en revenir à la physionomie. Ne misons pas trop vite sur la tête des gens:

L'estimation porté sur autrui fait surtout appel à ce que nous sommes nous même.

Et n'en faisons pas tout un fromage...



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